niedziela, 20 stycznia 2013

Text 2008

Écrit par : Philippi Jean-Christophe | 22.04.2008
« Je regarde attentivement et régulièrement les oeuvres de Jerzy Ruszczynski.Elles ont un pouvoir de fascination hors du commun et elles échappent aux catégories habituelles de l'art.Art Brut, Singulier...Surréalisme singulier...? Que sais-je encore? N'appliquons pas trop vite des étiquettes; cette oeuvre s'impose surtout par l'extraordinaire originalité de son imaginaire, comme toute oeuvre d'art sans doute.Au fond toute oeuvre est singulière par essence, car tout vrai artiste développe la puissance de sa vie dans sa propre temporalité et sa propre vérité.
L'art ne s'adresse pas d'abord au regard, mais à l'esprit ; disons aussi que tous les sens sont sollicités dans l'effort de l'imagination: les tableaux de Jerzy montrent que l'être est en "connexion" avec tout ce qui l'entoure, ou plutôt que c'est parce qu'il fait apparaitre le monde devant lui que l'être existe, qu'il est "au monde". C'est cette expérience d'être au monde, qui se développe dans les peintures de Jerzy.Mais que signifie être "au monde"? Paradoxalement cela signifie d'abord imaginer, transposer en images les expériences sensibles que nous faisons quand nous écoutons, caressons, aimons, rencontrons, parcourons...des temporalités multiples et apparemment contradictoires se rencontrent soudain sur le même plan du tableau, semblent contredire les conceptions traditionnelles de la réalité.Ainsi le haut et le bas peuvent s'échanger, la droite et la gauche, le vertical et l'horizontal de même, comme dans un rêve.Cette désorientation n'en est pas une, elle est le mouvement complexe de la perception et de la pensée en perpétuelle rotation.Le peintre tourne et retourne sa feuille, ne se satisfaisant pas de la page des abscisses et des ordonnées de la géométrie, et visionne sur ce cadran spirituel les facettes multiples des émotions et des souvenirs. La pensée est une pâte qui a ses frottements, ses impulsions, ses gonflements,ses moules, ses distorsions, ses malaxages, ses coupures et ses superpositions. C'est tout cet exercice spirituel qui se déploie dans les peintures de Jerzy et qui montrent l'existence humaine dans sont trouble et sa magie.Les images fonctionnent comme un langage fait de signes et de transcriptions non limités au sens.Ainsi que sur une partition musicale, les signes s'échelonnent sur la page et construisent des constellations et des archipels de mémoire. A nous de trouver le bon saut pour aller d'une île à l'autre, d'une portée à l'autre.Comme dans certaines oeuvres d'Art Brut, les oeuvres de Jerzy ne connaissent pas de frontières entre le graphique et le pictural, entre l'écrit et l'image.Ces deux dimentions se chevauchent et se complètent, s'emploient comme des formes d'intensité et de concentration.Certains mots sont comme des "intensifs", ils deviennent des couleurs.A l'inverse, certaines couleurs sont utilisées comme des signes ou des mots, elles sont nominalisées.
S'il fallait faire une comparaison entre l'oeuvre de Jerzy et celle d'un autre artiste, c'est Marcel Ducamp qui s'imposerait.Pourquoi ?Parce que pour JerzyRuszczynsky comme pour Marcel Duchamp avant lui, le problème principal de l'art est:"comment quelque chose apparaît".La minutie employée par Jerzy dans la réalisation de ses oeuvres, sa façon de procéder par" notes" et exemplifications ne peut que nous convaincre de l'affinité extraordinaire qui existe entre ces deux oeuvres.On le voit, les catégories artistiques que l'on croit bien assurées sont plus complexes et riches qu'il n'y paraît, et il y a des ponts étonnants entre des oeuvres qui apparaissent au premier abord fort éloignées. »

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